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Mathématiques

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Histoire des travaux mathématiques de Sophie Germain

par H. Stupuy

L'Arithmétique

 Legendre et Gauss

 "Legendre ayant, en 1798, publié la Théorie des nombres, elle se livra avec son ardeur habituelle à l'étude de cette théorie, étude que nous Carl Friedrich Gauss 1777-1855la verrons plus loin poursuivre; de là, entre eux, une correspondance qui, lors du concours académique sur les surfaces élastiques auquel le nom de Sophie Germain reste glorieusement attaché, prendra presque le caractère d'une collaboration. Plus tard, en 1801, les Disquisitiones arithmeticae de Gauss paraissent; aussitôt la méditation de Mlle Germain se porte sur ce sujet: elle fait de nombreuses recherches sur ce genre d'analyse, applique la méthode à plusieurs cas spéciaux, généralise ce qui dans le livre est particularisé, tente une nouvelle démonstration pour les nombres premiers à propos de la célèbre formule de Fermat et, mettant le tout sous pli, toujours sous le pseudonyme de Le Blanc, adresse ses essais au célèbre professeur de Göttingue, persuadée, écrit-elle, qu'il ne daignera pas d'éclairer de ses avis "un amateur enthousiaste" de la science qu'il cultive avec de si brillants succès. M. Le Blanc était loin d'être un simple amateur, et Gauss s'en aperçut bien; aussi sa réponse, qui parvint au géomètre inconnu, par l'entremise de M. Silvestre de Sacy, fut-elle des plus honorables. Un commerce d'amitié s'ensuivit."

Archimède, Gauss et Le Blanc

"Ces relations amicales duraient depuis plusieurs années sans que Gauss connût le sexe et le nom de son correspondant, lorsque, en 1806, une circonstance lui fit découvrir la pseudonymie.  L'anecdote est curieuse et montre que, même chez la femme, l'habitude de penser juste ne porte aucune atteinte aux impulsions bienveillantes. Pendant la campagne d'Iéna, les Français, vainqueurs, occupèrent la ville de Brunswick où résidait alors le savant mathématicien. Mlle Germain se souvient d'Archimède,  s'alarme et, en termes chaleureux, écrit à un ami de sa famille, le général Pernety, chef d'état-major de l'artillerie de l'armée d'Allemagne. Sa lettre trouve le général devant Breslau, dont il dirige le siège. L'adjuration était sans doute bien vive puisque, sans délai, un officier fut envoyé à Brunswick pour prendre des nouvelles de la part du général et de Mlle Germain. L'officier court en poste, arrive, trouve Gauss qui, chaudement recommandé et invité à diner chez le gouverneur, déclare ne connaitre ni le général, ni Mademoiselle Sophie Germain; celle-ci, dans son empressement, avait oublié que l'intervention de M. Le Blanc eût été seule compréhensible. Cependant sur le rapport que l'envoyé rendit de sa mission, des explications furent échangées et Gauss, sachant à qui adresser l'expression de sa reconnaissance, s'en acquitta dans des termes aussi touchants pour l'amie - c'est le mot qu'il emploiera désormais - que flatteurs pour le géomètre. "

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